L’Artichaut présente Arrival & Arthur – Louis Ignoré

À l’occasion de la 10ème exposition de L’Artichaut, cet espace où se côtoient galerie, café et boutique design, nous avons décidé d’aller à la rencontre de Jean, le gérant de la galerie afin qu’il nous explique le concept de cet endroit polyvalent. Puis, nous avons demandé à Arrival & Arthur-Louis Ignoré, qui présentaient leurs travaux à 6 mains dans une exposition nommée « Composite », de nous parler de leur travail.

Bonjour à toi, est-ce que pour commencer tu pourrais nous parler du concept général de ton établissement ? 

Coralie et moi avons décidé de monter une maison avec trois lieux en un. Tout d’abord une galerie, un café et un espace shop dédié à l’objet, plutôt insolite. Le but est que les gens puissent se projeter sur une exposition ou une oeuvre d’art, qu’ils se mettent en situation dans un espace convivial. Ou alors juste pour kiffer un café et profiter d’une exposition autrement. Qu’une galerie devient moins intimidante qu’une galerie, qu’un café devient plus attirant qu’un café, et que l’on n’a pas l’impression qu’il y a une boutique alors qu’il y en a une.

C’est la 10e exposition que tu présentes, est-ce que tu cherches une continuité dans les artistes que tu choisis d’exposer ? 

Il y a une ligne directrice d’année en année, cette année. L’année dernière c’était plus un éventail de tout ce que l’on pouvait trouver dans l’art urbain pochoiristes, affichistes, tagueurs, néo-grapheurs, accumulations, et tout ce qu’il y a de poétique dans l’art urbain. Cette année on a décidé de réaliser un derby culturel et d’alterner sur 6 artistes présentés, un Nantais et un Rennais.

Pourquoi avoir choisi ce nom ?

Pour beaucoup de raisons ! Déjà parce qu’il y a plein de jeux de mots avec. On a écrit l’artichaut en français pour ne frustrer personne, tout le monde à son petit jeu de mot.  Ensuite l’artichaut vient de la même espèce que le chardon à la base et en Savoie ça porte bonheur. Chaque année on met un chardon sur les maisons et on le laisse sécher pendant un an jusqu’au prochain printemps. Cela se veut un côté assez local car l’artichaut pousse essentiellement en Bretagne, donc pas très loin pour ne pas dire de chez nous (n’entrons pas dans le débat). C’était aussi la fleur préférée de mon arrière-grand-mère, donc une dimension assez sentimentale que l’on retrouve aussi dans le café avec des recettes de famille, mais aussi la sincérité dans nos choix d’expo il y a vraiment quelque chose de sentimental dans toute l’histoire. On est tous un peu cœur d’artichaut.

Tu trouves que pour l’instant L’Artichaut est une réussite ?

Je suis toujours content de leur apporter des explications et de parler avec les clients de l’exposition si je le peux. Me faire connaître est le dernier de mes buts, je cherche d’abord à m’éclater dans ce que je propose et montrer mes choix et toujours les expliquer et toujours les replacer dans leur contexte, c’est pour ça qu’à chaque nouvelle exposition on repeint la façade, pour que les artistes exposants puissent s’éclater dessus. Le plus important est de surprendre les gens d’expo en expo. On verra ce que nous réserve l’avenir, ce qui est important c’est qu’on soit tous les jours heureux de le faire.

Ce soir tu présentes donc Arrival & ALI, est-ce que c’est toi qui les as contactés ? Qu’est-ce qui t’a poussé à montrer leur travail ?

C’est moi qui les ai contactés, je les ai connus sur Instagram à mon arrivée à Nantes car je m’intéressais aux petit artistes nantais ou proche de Nantes. Il s’agit de Rennais, Rennes est une ville très active par rapport aux créations contemporaines. Je suis très vite tombé sur les stickers d’Arrival et ça m’a fait tripper ils m’ont tout de suite plu grâce à leurs couleurs vives adoucies par la rondeur de leur traits. Le style d’ALI ajoute une certaine harmonie avec la symétrie de son travail. Il nous permet de nous focaliser sur le dessin et de rester dessus. C’est  important dans une oeuvre d’art qu’on ait quelque chose à bouffer, qu’on ne reste pas juste figé à regarder quelque chose.

As-tu d’autres artistes à exposer dans les prochains mois ? Si oui est-ce que tu peux nous en parler ?

Nous sommes bookés jusqu’en 2020, je ne parle pas des artistes exposants, on communique à la dernière minute. Je peux dire pour l’instant qu’on a un artiste international assez connu en France. On essaye de dénicher de nouvelles choses. Je n’exposerais sûrement pas d’artistes déjà connus, ils n’ont pas besoin d’un artichaut pour mettre en avant leurs travaux.

Après cette entrevue avec Jean, nous avons demandé à Arrival et à Arthur-Louis Ignoré de nous parler un peu plus de leur travaux.

Bonjour, alors vous nous présentez aujourd’hui votre collaboration en trio, Arrival et ALI est-ce-que vous pouvez nous parler un peu de cette collaboration ? D’où vient-elle ?

Ali : On s’est rencontrés à la Fac, de là une amitié est née suite à des affinités intellectuelles. Notre trio se décompose en deux « groupes » pour ainsi dire. Mais aujourd’hui on expose ensemble.

Arrival : Mais oui de base c’était d’abord une amitié.

Vous réalisez des travaux assez différents, qu’est-ce qui vous a poussé à collaborer ensemble?

Arrival : Parce que justement c’était différent, on a essayé de lier nos deux styles, qui ne sont pas complètements opposés non plus car on a ce médium commun de l’extérieur et de la rue qui nous lie et nous réunit en un sens, qui nous a permis de nous rejoindre. 

Ali : Par rapport à l’esthétique de nos travaux c’est vrai que c’est plus différent. Je travaille en noir et blanc des motifs abstraits et de l’ornement plus dans le trait et la symétrie. Dans le boulot des gars il y a plus de couleurs, plus de liberté. Même dans la liberté des formats de travail on a des démarches et des envies assez différentes, je travaille plutôt à grande échelle. Au niveau des compositions des travaux, il y a pas mal de chose qui vont changer quant à la manière de les travailler. Comme je le disais, la symétrie prend une très grande place dans mon travail. Ce qui fait que nous n’avons pas la même façon de composer et de penser nos travaux. Je ne peux pas m’éloigner de mon style si facilement, il y a des contraintes. 

Arrival : Mais la difficulté c’est aussi ce qui nous fait marcher ce qui nous donne envie de continuer. C’est stimulant de se confronter avec d’autres façons de faire. C’est parce que ça va pas forcément ensemble que ça marche. Il y avait tout un côté stimulant derrière tout ça.

Où trouvez-vous vos inspirations en général?

Ali : J’emprunte beaucoup aux ornements d’architecture, sur les compositions avec ce genre de fenêtre, de colonnes, oui beaucoup d’inspiration des bâtiments. J’essaye de varier les sources d’inspiration et d’aller piocher ce qui me plaît dans toutes les cultures. Mais l’architecture reste ma source principale d’inspiration. 

Arrival : C’est aussi un peu lié à l’absurde, mais ça on ne fait pas exprès. Mais ça veut dire quoi d’ailleurs l’absurde ? (rires) Un truc qui a du sens, alors qu’on fait comme si il en avait pas. Le langage aussi est très important dans ce que l’on produit. Le fait de travailler à plusieurs suppose toujours un dialogue, du coup un jeu de paroles et de mots s’installe. On discutait toujours en travaillant c’est ce qui a amené cette dimension avec les mots et les paroles que l’on intègre de temps à autre dans nos réalisations.

Vous dites que vous ne faites pas du street art, juste des stickers. Malgré tout le support que vous utilisez est la rue, est-ce pour avoir un dialogue avec le passant?

Ce n’était pas vraiment pour montrer nos travaux que nous les avons montrés dans la rue, c’était un support comme un autre. Ce n’était pas non plus pour se faire connaître, dans la rue on les a directement sous les yeux du coup c’est pratique, les gens vont se dire « -Tiens c’est marrant ça. ».

Vous avez aussi des médiums de travail assez variés au final, est-ce que ça vous a imposé de nouvelles contraintes? 

Arrival : On essaye toujours de créer une dynamique de création, et d’induire une idée de partage. On n’a pas encore bossé sur des médiums au sol tous ensemble, même si c’est un des principaux médiums d’Ali. Le projet de base derrière tout ça, au début c’était les stickers. Nos points de vue ou nos contraintes ne se basent sur rien, au début on avait nos trucs en tête et on est partis de là. On a travaillé à partir de ce que l’on pouvait imaginer et inventer, on s’amuse dans ce qu’on fait. 

Ali : Au début c’est vrai qu’on restait un peu dans ce que l’on faisait et connaissait chacun de notre côté. C’était débile d’avoir des idées arrêtées comme ça. C’est en échangeant qu’on a pu avancer et enrichir nos travaux. On n’a pas tout de suite eu le recul, on voulait mettre en valeur le fait que ça se base sur rien c’est ça qui est drôle et dangereux.

Vous pourriez dire que votre mot d’ordre est un peu l’autodérision?

C’est qui qui parle ? Ouais, on ne peut pas concevoir le faire les choses de manière trop sérieuse. on a du mal à peindre sérieusement. On ne peux pas être sérieux sans ne pas l’être. C’est plus compliqué de faire des trucs pas sérieux, parce qu’il faut l’être un peu pour que ça passe. Il faut être sincère.

Ali: Ça veut dire quoi sérieux aussi ? Il ne faut pas être pédant et prétentieux, c’est plutôt ça qu’il faudrait dire plutôt que sérieux je pense. Ça sert pas à grand-chose de faire de la peinture, ce serait ridicule de le revendiquer comme quelque chose qui va changer le monde. On n’est pas là pour apporter du savoir au gens.

Avez-vous des projets dans le futur? Comme des vêtements par exemple?

Arrival : On fait déjà des vêtements on est en train de créer la marque en ce moment même, on a aussi des projets chacun de notre côté. On avait aussi parlé du projet de faire une fresque sur Tupac par exemple.

L’exposition « Composite » présentée par Arrival & Arthur-Louis Ignoré (ALI)
L’exposition « Composite » présentée par Arrival & Arthur-Louis Ignoré (ALI)

L’Artichaut (8 rue de Marais, Nantes) est ouvert du mercredi au dimanche, de 10:00 à 12:00.

Retrouvez l’interview de Pablo Labèque juste ici.

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