En cette période d’hiver, on se réfugie généralement au coin du feu, bien au chaud devant un des nombreux films que le cinéma a pu nous offrir avec ses 120 années d’existence.

Pourtant partout en France on croise aux coins des rues, des champs, des jeunes adultes ou adolescents, caméra en main, criant à pleins poumons ce mot qui crée la chair de poule chez tout cinéaste en herbe: “Action”.

En effet, cette période c’est aussi celle du Nikon Film festival, qui se tient tous les ans. Festival complètement ouvert, tout le monde peut y participer, quel que soit son budget ou son ambition, à condition de respecter les quelques règles bien spécifiques à ce festival. Portés sur le thème du rêve cette année, plus de 1600 courts-métrages ont été tournés et téléchargés sur le site du festival.

Timothée Sonzogni , jeune réalisateur nous présente aujourd’hui son film “Mer Blanche” ainsi que sa relation avec le Nikon Film Festival.

Le Nikon Film Festival

Organisé tous les ans en cette période d’hiver, le Nikon Film Festival est une chance pour tous les jeunes cinéastes cherchant un peu de visibilité. Ainsi de très nombreux films sont construits partout en France. L’inscription est gratuite, et absolument n’importe qui peut participer à condition de respecter les règles bien particulières de ce festival.

Un thème est imposé à l’ensemble des films, après “Un Jeu” l’année dernière, cette année le thème choisi est “Le rêve”.

De plus, chaque film ne doit pas excéder 2min20 générique compris. Le reste ne tient qu’à votre créativité, car ce sont les seules règles de création imposées par le festival. Les films sont ensuite mis en ligne sur le site du Nikon Film Festival sur lequel vous pouvez voter pour vos préférés jusqu’au 10 Avril, où 50 films seront sélectionnés pour un deuxième tour de vote par un jury d’une douzaine de personnalités du milieu. Cette année le jury est présidé par Gilles Lellouche.

Timothée Sonzogni, habitué du festival.

Timothée Sonzogni est un Grenoblois d’origine éthiopienne. Adopté à l’âge de 2 ans, il évolue dans un centre de formation de football avant de faire des études de commerce. Passionné de photographie de rue, il se dirige finalement vers le cinéma. C’est la troisième participation de Timothée au Nikon film festival qu’il découvre en 2019 avec un court métrage sur le thème du 11 septembre.

Qu’est-ce que tu aimes dans cette compétition?

“Le format d’abord, à savoir ces 2min20. Exercice difficile pour moi car j’aime prendre le temps, jouer sur la lenteur, sur la psychologie et la poésie. Mais aussi le challenge et la qualité des films présentés. J’aime voir des films et être impressionné par leur travail. »

Dans un premier temps Timothée ne voulait pas participer à cette édition, le thème du rêve étant selon lui “trop vague, trop glissant”, lui rappelant les premiers films d’école avec un réveil “magique” en fin de film. C’est finalement sa copine qui l’a convaincu, rien de mieux qu’un très court pour je cite “entretenir la machine”.

Mer Blanche

Timothée as donc de nouveau trempé d’encre sa plus belle plume et as écrit son film. Il décide d’aborder le sujet des flux migratoires, et principalement du rêve d’une vie meilleure. L’histoire d’un migrant qui tente la traversée des Alpes pour rejoindre la capitale, mais qui se fait rattraper par deux agriculteurs dystopiques, qui tiennent une ferme où ils exploitent ceux qui essayent de passer la frontière.

Son idée initiale était de traiter le naufrage en mer, mais face à la complexité à mettre en œuvre son idée. Timothée en compagnie de ses deux comédiens Jean-Baptiste Robert et Romain Robert ont décidé de s’adapter aux conditions grenobloises hivernales: la neige. Il voyait instinctivement ce long travelling vertical d’ouverture sur fond blanc qu’il considère “idéal” pour le thème du rêve.

Son tournage ne fut pas simple, entre soucis de budget et difficultés organisationnelles Timothée a dû s’improviser perchman, comédien entre autres. Il souligne aussi la difficulté qui découle de son décor enneigé. Pour garder cette neige immaculée de traces de pas à minima au sein du cadre, il fallait se déplacer pour chaque prise d’au moins 30 mètres.

Timothée, enfin, as un message pour les jeunes réalisateur.trices qui souhaitent participer pour la première fois au concours: “Faites un film qui existe, vie et s‘impose au format 2min20. Éviter les films à chute, il y en a déjà assez. Se faire plaisir. Enfin, regarder les films des années précédentes. Au moins les primés, pour avoir une idée du niveau du festival et comprendre le “Style Nikon”.

Nous avons demandé à Timothée de nous mettre en avant 2 films en compétition cette année que voici :

Article Imprévu de Félicie Robert et Julien Aveque, pour l’interprétation des deux comédiennes.

https://www.festivalnikon.fr/en/video/2021/1022

Délivre-nous du mal de Pierre-Marie Charbonnier et Simon Pierrat, pour la réalisation dans son ensemble.

https://www.festivalnikon.fr/index.php/video/2021/288

Et alors ce film on en pense quoi?

Une fois de plus Timothée Sonzogni nous offre un superbe court-métrage. Décidément adepte des sujets sensibles, Timothée semble avoir pleinement assimilé dans ses réalisations les contraintes du festival pour en tirer des films coups de poings. Après avoir traité du thème du 11 Septembre dans sa toute première participation, aujourd’hui il s’attaque à un problème sociétal bien ancré dans notre présent.

La photographie est léchée. Le choix de remplacer la mer par cette grande étendue de neige blanche est pertinent et nourrit son esthétique. Le mélange des couleurs entre la neige, le sang, et la peau noire de notre migrant crée une harmonie de couleurs et renforce la brutalité de la scène. La mise en scène permet à cette photographie de se sublimer, avec des plans composés à merveille, tant par le biais des déplacements des comédiens qu’aux mouvements de caméra.

Le choix de la musique nous plonge pleinement dans la gravité de la scène qui se joue, orchestrant avec l’aide d’une voix-off le rythme de ce court film et nous tenant en haleine tout du long. Seul bémol que l’on peut trouver à critiquer ici: la qualité d’enregistrement de cette première voix off, certainement due aux contraintes rencontrées par l’équipe du film.

Techniquement, le film ne donne au spectateur aucune conclusion ou solution au problème qu’il expose, seulement l’exposition d’une situation horrifique pouvant être une réalité du quotidien. Mais qu’importe là n’est pas le sens du film. Timothée avait un message à faire passer sur une réalité sociale de notre monde, et le choix de deux fermiers esclavagistes dystopique fonctionne parfaitement, me rappelant pour mon plus grand plaisir le film Django de Quentin Tarantino.

Une chose est sûre, ce film ne vous laissera pas de marbre.

Si le film vous plaît n’hésitez surtout pas à le soutenir et en faire la promotion pour récompenser les efforts et le talent de cette jeune équipe.

Voici le lien de son film “Mer Blanche” par Timothée Sonzogni:

https://www.festivalnikon.fr/video/2021/1501?fbclid=IwAR3riK1tZ4naVtXCtQxLzphPfAZc6ZHS6eupmonSzgWvwWJ6k4uKht9B2pk

Retrouvez le sur instagram: @enquete_de_sens

Retrouvez l’ensemble des films du festival sur le site du Nikon Film Festival: https://www.festivalnikon.fr/